Les Djinns ....

Chorale de Saint Pavace Harmonia Par Le 02/03/2014 0

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A propos des Djinns , que nous apprenons actuellement :

Avec Les Orientales, au titre évocateur Victor Hugo nous plonge dans cet univers romantique. Il s'agit d'un recueil de poésie préparé, documenté, publié en 1829.

Le poète nous invite à pénétrer dans un monde étrange, pittoresque et coloré, aux vocables dépaysant tels Les Djinns, démons de l'Orient, et le poème XXVII qui leur est consacré. Emblématique de la virtuosité de Victor Hugo, ce poème évoque le passage d'êtres impalpables. Dans une première partie le poète réussit à donner forme aux mouvants, aux entités démoniaques. Puis l'évocation de ces démons est révélatrice des terreurs ancestrales de l'humanité

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Murs, ville
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise
Tout dort.

Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit.

La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.

La rumeur approche,
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit,
Comme un bruit de foule
Qui tonne et qui roule
Et tantôt s'écroule
Et tantôt grandit.

 Dieu ! La voix sépulcrale
 Des Djinns ! ... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
 De l'escalier profond !
Déjà s'éteint ma lampe,
 Et l'ombre de la rampe ...
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.

C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant.
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.

 Ils sont tout près ! Tenons fermée
Cette salle ou nous les narguons
 Quel bruit dehors ! Hideuse armée
 De vampires et de dragons !
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée,
Tremble, à déraciner ses gonds.

 Cris de l'enfer! Voix qui hurle et qui pleure !
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
 Sans doute, o ciel ! S'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
 Le vent la roule avec leur tourbillon !

 Prophète ! Si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
 Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
 Grince et crie à ces vitraux noirs !

Ils sont passés! - Leur cohorte
S'envole et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
 Sous leur vol de feu pliés !

De leurs ailes lointaines
Le battement décroît.
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.

D'étranges syllabes
Nous viennent encor.
Ainsi, des Arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.

Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
 Pressent leur pas ;
 Leur essaim gronde ;
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.

Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
 Sur le bord ;
C'est la plainte
Presque éteinte
D'une sainte
Pour un mort.

On doute
 La nuit ...
 J'écoute : 
Tout fuit,
 Tout passe ;
L'espace
Efface
Le bruit.

V.Hugo, Les Orientales, XXVIII, 1829.


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